Archives de Tag: macy

Temple

Cet après-midi je me suis rendue chez B&H. En plein Midtown West, à deux pas du mythique grand magasin Macy’s, il y a une caverne d’Ali Baba que trop peu de touristes viennent visiter. Pourtant, c’est bien un haut lieu culturel de cette ville.

A chaque visite, vous êtes au spectacle. Je vous préviens d’ailleurs, ce post manquera cruellement de photos, mais on peut espérer que la magie n’en sera que plus forte lors de votre première visite.

C’est d’abord une histoire de tribus. Dans la plupart des dinners l’étranger en goguette à New York peut faire l’expérience de la merveilleuse société américaine. C’est un caucasien qui vous accueillera, souvent relativement âgé. Ensuite vous serez pris en charge par un serveur (enfin, comme « caissière », c’est souvent une serveuse) caucasien ou afro-américain. En salle s’agitent une nuée de petites mains, les hispaniques. Toujours là pour remplir votre verre avec force glaçons, remplacer illico une fourchette tombée sur vos genoux (quelle ouïe!), vous desservir alors que vous venez à peine de porter la dernière bouchée de votre pancake à votre bouche. En cuisine, on ne sait pas trop ce qui se passe. En tous cas c’est comme dans les grands restaurants: tout roule, chacun a sa tache et est clairement identifiable (et hiérarchisé). Bon c’est à géométrie variable, mais ça reste l’idée.

Même chose chez B&H. A l’entrée une team afro-américaine bien mise est à la consigne. Dans les rayons, il y a les « fixes », des femmes portoricaines qui connaissent la carte du magasin par cœur, tel le garçon de salle du restaurant qui dit parfaitement « glaçon?« , elles sont expertes en prononciation de « lumières et accessoires?« ; et il y a les « mobiles » qui comme les serveurs sont un groupe un peu mixte, afro-américains (33%) et juifs orthodoxes (67%). Les « mobiles » sont les véritables héros du matériel moderne. Ils connaissent tous les lecteurs mp3 du magasin. Ils font en une minute la thèse et l’antithèse d’un adaptateur de batterie de lite panel (je tiens à remercier de tout mon cœur Hersch qui a fait semblant de ne pas voir que je ne comprenais à peu près rien de ce qu’il me disait, c’est très gentil). Ils savent même quelles sont les milles et une façons de graisser ton pied.

Aujourd’hui un type listait à un jeune garçon les avantages et les inconvénients de tel ou tel emplacement de sa GoPro sur son casque de skate pour documenter ses performances. Genius. Multi expertise. Merlin l’enchanteur.

On dirait le boucher de ma mère à Paris, qui, en fermant les yeux et en effleurant une escalope peut donner le nom de la ferme et la couleur des yeux de la génisse.

Mais pour en revenir à B&H, derrière les caisses centrales, le magasin devient schlomoland –no offence mais tout Midwood est là.

Et comme ce magasin rend euphorique, vous êtes toujours contents d’arriver enfin à ces caisses centrales. C’est surement aussi parce que je n’y dépense jamais mon argent mais celui de ma société. Ou encore parce que de très longues heures passées au BHV enfant m’ont fait réaliser la beauté secrète du matériel technique… En tous cas, B&H devrait être une étape incontournable d’une visite à New York. Ne serait-ce que pour vous éblouir devant les mandarines, caresser le plastique mat d’une belle EX1, découvrir qu’on peut acheter du velcro exprès pour mieux ranger ses micro-cravate ou tout simplement profiter de ce bouillon américain mêlant technologie, social et business. Mieux que la statue de la liberté. Grisant comme un one dollar store car tout le monde passe son temps à te dire que tu fais une bonne affaire…

Ce magasin c’est le Tati Or du vidéaste.

Tagué , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,