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Job hunting

Hier soir j’ai eu le bonheur de hang out avec mes vieux copains de la fac.

C’était comme d’habitude dans les pires bars de Midtown dernier vestige de l’époque où cette partie de la ville était une cour des miracles crado et sexy comme une strip-teaseuse.

Une des anciennes camarades de classe me racontait ses débuts de recherches de travail. Comme je sais que ça va me tomber dessus très bientôt, j’écoutais très attentivement cette leçon d’americanattitude. Elle a « un plan« , et surtout je trouve sa détermination admirable. C’est le genre de personne qui se dit : « je préfère ne rien avoir plutôt que d’être sur-qualifié pour le job ». C’est l’enjeu de ces étudiants super endettés en sortie de leur sacro-sainte grad school, je comprends donc bien que l’idée c’est surtout de trouver un poste qui te rapporte plein de pognon. Néanmoins, en comparant son attitude de jeune diplômée et la mienne… Je mesure le génie de ce pays dans lequel développer une telle force mentale (et une confiance en soi presque questionnable) est possible.

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J’ai héberge cette semaine mon vieux copain Nemo. Je ne peux pas vraiment dire que c’est un ami proche. Plutôt une bonne connaissance de mes années lycée. Nemo a vécu longtemps à Londres et il aime l’art contemporain, les filles, voyager et se ré-inventer dans des fêtes.

Le lien entre Nemo et moi c’est surtout l’Artiste, un très cher ami, mon ancien coloc, le frère de mon ex, et un compositeur de grand talent. L’Artiste s’est entiché d’une muse -ça arrive, au faux airs de Juliette Greco et de Jeanne Moreau -avec qui elle partage son prénom. La muse a été rencontrée via Nemo. La muse est par ailleurs vraiment une chic fille. Vous savez à peu près tout, mais j’ajouterai que ces trois énergumènes travaillent dans des domaines artistiques et sont fantastiques une fois qu’on a dépassé leur ancrage hors de la réalité. J’ai pour ma part une grande tendresse et beaucoup d’estime pour chacun.

Bref, Nemo tenait hier soir sa soirée d’adieu à New York. C’était dans un petit bar de Brooklyn non loin du carré doré de Williamsburg. Il y avait une héritière de Canal +, je la présente un peu par sa filiation car je ne lui ai pas parlée, la poule locale de Nemo, mes colocs qui se sont amourachés de Nemo, un cinéaste et réalisateur prometteur et brouillon, et quelques autres. J’admirai déjà la reproduction de la faune parisienne qui les entoure d’habitude.

Et puis en regardant bien Nemo et l’Artiste, quelque chose m’a frappé. Il était comme un chien et un loup, comme des faux jumeaux. Si proches par leur charisme, leur sens du drame, cette façon de s’habiller comme quelqu’un qui pourrait utiliser des expressions aussi surannées que « le boul’mich« , leur présence solaire, et clownesque parfois. Si différents aussi.

L’Artiste hait vraiment New York, comme Cocteau. Il est effrayé par cette culture gloubiboulga qui manque de nuances, et par la grossièreté de l’Américain moyen. Tel Astérix, il résiste en s’entourant de très jeunes gens fascinés par l’Europe  ou en traduisant ses expressions fétiches littéralement (l’utilisation de « old » pour le sobriquet affectueux « vieux » m’amuse particulièrement, par exemple: « écoute, vieux, ces filles sont encore vertes« , donnera donc « listen, old, these girls are still green« ). En fait son anglais est forcement britannique, Shakespearien (I love thy) ou Churchillien (We shall surrender). Sa précision intellectuelle est admirable. J’ai toujours aimé les hommes qui s’intéressaient aux idées et à la philosophie -rétrospectivement je me rends compte que c’est peut-être pour cette raison que je ne suis plus avec son frère. L’Artiste aime le Lincoln Center , Kiehl’s, et les petites danseuses de la Juilliard.

Nemo a davantage l’allure d’un Marcel Duchamp. Curieux des mœurs outre Atlantique, le fait qu’il se soit trouvé une bonne amie locale si vite en est bien la preuve. J’aime son enthousiasme amusé quand il parle de son expérience à Art Basel. Il est perpétuellement à géométrie variable. Nemo aime aussi le Met, les burgers, Central Park et les jeunes hipsters de Brooklyn. Éruptif, il est plein de surprises.

Malgré leurs différences, ces deux bonhommes se démarquaient par leur éloquence et leur dramaturgie. L’Artiste est monté sur une voiture pour appeler une (autre) poule, sous la pluie, plein d’emphase. Je pouvais sentir ma coloc frémir devant tant de romantisme à la française. Le quart d’heure d’embrassades hyper sensuelles que Nemo et sa donzelle ont performé collés au bar a eu le même effet. Et le discours de l’artiste sur ces aristocrates du nouveau monde chez lesquels il loge gracieusement dans l’Upper East Side, qui pourrissent son âme, et dont la vulgarité n’a pas de limite, c’était la cerise sur le gâteau pour cette native du Bronx. A moins que ce ne soit le coté chic et débraillé de ces deux gravures de mode huilées par la pluie et étincelants de passion?

Bref, vive la France quoi, c’est encore les vieux tours qui marchent le mieux sur nos amis du nouveau monde.

Chien et loup

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L’autre jour j’étais dans l’ascenseur. Jusqu’ici tout va bien. Au 15e étage, deux types entrent. Ayant intégrés les codes locaux je ne dis rien. Le premier parle très fort, on sent que l’autre blond joufflu est à sa botte. Ils ont une conversation enthousiaste (à moins que ce ne soit un monologue enthousiaste?). Je n’écoute pas car je suis en train de whatsapper – une de mes activités préférées devant l’Eternel.

Soudain…: silence. Le fanfaron du jour prend bébé blond à parti et lui dit: « ah mais c’est ce que je te disais! C’est dramatique de penser qu’il y a des gens qui utilisent encore un BlackBerry!« . Sentant des regards sur moi, je comprends qu’on parle de mon téléphone de bureau (qui fonctionne tellement mal qu’à ce stade on peut même parler davantage de talkie-walkie). Et le fier à bras de renchérir en s’adressant à moi: « Je suis vraiment désolée pour vous, que vous n’ayez pas d’iPhone« . Alors déjà merci de me prendre pour une abrutie: j’avais compris de quoi on parlait et le BlackBerry ne m’a pas encore ramolli le cerveau. Ensuite, les deux crétins ont quitté l’ascenseur avec une mine défaite. Je n’ai donc pas eu le temps de leur dire que:

– Mime et la Militante préféreraient se trancher la jugulaire plutôt que d’avoir un téléphone fabriqué par les esclaves de la téléphonie les plus médiatisés de la Chine. Donc il y a des gens qui ne veulent pas d’iPhone.

– Etant donné mon âge et le leur j’ai plus de chances d’être du bon coté de la barrière numérique qu’eux. Donc ça va les leçons.

– En parlant de fracture numérique, et puisqu’on est dans une dynamique rhétorique de cour de recré: c’est mon pays qui a inventé le Minitel, Songpop et la carte à puce, alors que vous, vous avez inventé Facebook un outils d’aliénation des esprits dont on parlera dans 50 ans comme du dernier fascisme.

Minitel

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Hier soir j’etais au Gramercy Theatre « pour-un-concert-exceptionnel »: People Under the Stairs. Un duo de quarantenaires basés à Los Angeles et stars pointues des 90s qui faisaient bonne figure sur une scène un peu crado. Avec pour motto, « anytime is party time and party time is anytime« , ils s’en sont bien sortis. Dans la salle des jeunes excités faisaient se faufiler des pétards de rigueur. Mon coworker, le Breton qui n’aimait pas le Chouchen, avait eu une excellente idée en recommandant ce groupe grinçant et qui aime jeter de la bière ou n’importe quoi d’autre sur son public, et jouer avec des lunettes de soleil. Un son hip hop vintage assez génial.

Ensuite -après un bref épisode de pluies torrentielles (ce n’est pas une métaphore) qui donne toujours envie de se déguiser en Audrey Hepburn et de chercher son chat- j’ai été à une fête de collègues. Normalement je trouverais ça horrible. En fait, normalement j’irais pas. Sans même me poser la question, d’aileurs. Littéralement « too cool for school« . Mais comme je crois que je vis un âge d’or de team spirit, que peu de gens connaissent et qu’évidemment je ne retrouverai « plus-jamais-never-dans-toute-ma-vie », j’essaie d’en profiter.

Dernier arrêt: cette sorte de club où je vais finir par aller tous les weekends. Ce soir là il y avait un groupe de très jeunes gens complètement incandescents. Croisement hyperhipster & danseur professionnel.

Ils avaient des coupes de David Bowie (toutes époques confondues), des chaussures cloutées et des gilets en chevreau. Ils sautaient partout et c’était très réjouissant. En tous cas, plus amusant que la brochette de quatre mannequins anglaises absolument magnifiques en total look Isabel Marant, sequin + feutre + moue statement des chics et blasés – créatures incontournables de vos nuits brooklynite.

Night

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Tiaras

Toute la journée j’ai regarde ce show totalement génial, Toddlers & tiaras. Comment dire… C’est toute l’Amérique qui remue dans ces épisodes de 40 minutes, complètement addictifs.

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Donc l’idée c’est de suivre des tandems fille-mère dans leur compétition pageants. Un pageant c’est une sorte de concours de beauté et de talent, et c’est un sport national. Des bébés jusqu’aux teens, des créatures entre le travesti brésilien et la mini Barbie défilent en maillot de bain, en robe de soirée (?), ou en costume imposé (et là on a autant de 60s, icônes américaines, contes de fée…). Le jury est composé de notables locaux qui sont soit à moitié pédophiles, soit très sérieux – et tous ont toujours un avis sur la vraie question des pageants, vaut-il mieux le glitz (strass et paillettes à 300%) ou le natural (strass et paillettes à 150%)?

Et enfin derrière le banc des jurés il y a maman (ou papa) qui après avoir blanchi les dents de sa fille, lui avoir peroxydé les cheveux, et avoir engagé un coach pour que poupette répète la choré, est en train de faire trois ulcères et/ou de mimer ladite choré pour que poupette, 3 ans, arrive à suivre le rythme.

A la fin les demoiselles s’alignent avec un sourire horrifiant, et attendent qu’on nomme la gagnante du Grand Supreme. L’heureuse élue reçoit une couronne dorée généralement bien trop large pour son crâne, un trophée à la Jeanne et Serge, et parfois des jouets ou un éventail de billets.

Tous les parents ne sont pas pareils -sinon ce serait pas marrant. Il y a ceux qui veulent une diva super sassy et qui ne voient pas où est le problème quand ils habillent leur fille en pute. Et il y a ceux, plus tradis, qui jouent à fond la carte majorette et performance (mes préférés). La finalité ça peut être de rembourser la maison, financer les études (ou la psychanalyse?) de poupette, ou juste être la plus belllllle.

Karmen Walker, 6 ans, Charleston, West Virginia - Rebeccas Drobis (c)

Karmen Walker, 6 ans, Charleston, West Virginia – Rebeccas Drobis (c)

Tous ont en tête une idée formidable: gagner le concours = self esteem = la win attitude = une bonne personne. Cette confiance en soi est vraiment comme un graal, peu importe les moyens de l’obtenir, c’est bien l’essentiel.

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Quand je me suis réveillée -en retard-, que j’ai vu qu’il pleuvait, et que j’ai réalisé que je ne savais pas exactement où était le City Hall; je me suis que ça allait être une très bonne journée.
Et, en effet, quelle journée…

Je devais couvrir le lancement de cette hotline pour « bullied kids ». Un terme dont on aurait du mal à trouver l’équivalent francophone. De l’intimidation dans les cours de récré, brutale, physique ou non, au harcèlement, disons.

Même si je vois l’idée, dans le métro en rageant contre ce putain de métro à la con qui pue la moule où on capte pas et du coup je savais pas où je devais aller et j’étais en début d’infarctus je me disais que cette idée de bullying ne m’était pas très familière.

Des brochettes d’officiels sur leur trente-deux et en rang d’oignons ont prononcé chacun à leur tour des discours inspiring – l’enfant, cet être si fragile.

CRouveyrolles

On est loin de Tamalou, et de nos jeux du foulard…

Enchantée par cet évènement d’une intensité rare, je suis partie pour un petit micro-trottoir des familles, toujours sous la pluie. Histoire de demander à de vrais enfants adolescents ce qu’ils en pensaient. Ils n’en pensaient rien, évidement, puisque ce sont des adolescents. Ou alors ils étaient tous autistes…

Les quelques réveillés que j’ai croisés m’ont parlé de toutes les insultes que leur cerveau détraqué met au point. Une fille de 14 ans, des micro-seins en fleurs, une blondeur incandescente et, à l’appareil dentaire près, un sourire exquis; m’explique qu’elle se colle dans le moule à l’école depuis qu’elle a compris que la moindre faiblesse la transformerait en mouton noir. Elle raconte qu’avoir le même dégradé que tout le monde c’est hardos, et qu’elle n’aime pas trop la pizza mais que tout le monde en mange donc bon …

Le propos ne me surprend pas. Il rappelle seulement à mon bon souvenir à quel point avoir 13 ans ça craint.

Comme ici, les choses sont souvent plus BIG, une vingtaine d’enfants se suicident chaque année parce qu’ils sont bullied.

En rentrant -sous la pluie- pour écrire ce papier, je pensais à James Rodemeyer. Sans Lady Gaga on aurait jamais su qu’il aimait pas la pizza.

 

Enfants taureaufiés

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