Archives de Tag: journalisme

Une personne de ma boite me casse les pieds, principalement à cause de son style, ça peut vous sembler risible mais ça ne l’est pas.

Je déteste sa vulgarité, son trop plein de confiance en lui, sa gouaille de parvenu.

S’il n’avait pas de rapport hiérarchique entre nous je pense que je supporterais sans problèmes le rustre. J’aurais même sans doute compris pourquoi il était comme ça (pour avoir l’air accessible? cool? par sincère misogynie?..?).

Mais là ces diatribes de vieux roublard me laisse simplement le regard effrayé d’une sainte nitouche qui n’en revient pas. Pourtant je crois vraiment que le mec est super bon, hyper qualifié pour le job et très doué.

Je crois qu’en télé ce profil de cowboy n’est pas si exceptionnel. En tous cas c’est ce que les gens disent. Je vais donc essayer de me mettre au diapason en utilisant davantage une de ses expressions favorites : « sa mère la pute en short« . Je vous dirais si ça fonctionne.

Cowboy

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Job hunting

Hier soir j’ai eu le bonheur de hang out avec mes vieux copains de la fac.

C’était comme d’habitude dans les pires bars de Midtown dernier vestige de l’époque où cette partie de la ville était une cour des miracles crado et sexy comme une strip-teaseuse.

Une des anciennes camarades de classe me racontait ses débuts de recherches de travail. Comme je sais que ça va me tomber dessus très bientôt, j’écoutais très attentivement cette leçon d’americanattitude. Elle a « un plan« , et surtout je trouve sa détermination admirable. C’est le genre de personne qui se dit : « je préfère ne rien avoir plutôt que d’être sur-qualifié pour le job ». C’est l’enjeu de ces étudiants super endettés en sortie de leur sacro-sainte grad school, je comprends donc bien que l’idée c’est surtout de trouver un poste qui te rapporte plein de pognon. Néanmoins, en comparant son attitude de jeune diplômée et la mienne… Je mesure le génie de ce pays dans lequel développer une telle force mentale (et une confiance en soi presque questionnable) est possible.

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Réveillée aux aurores, j’ai couvert ce matin le SantaCon. C’est un flashmob géant de mecs déguisés en emblèmes de noël, qui se dispersent pour errer dans des bars toute la journée sous leur bonnet rouge et blanc. Vernis charity de l’opération cette année: récupérer des boites de conserve pour les démunis par Sandy.

CRouveyrolles

C’est surtout l’occasion pour une bande d’allumés de se déguiser en sexy mère noël, en sexy casse-noisette, en sexy sapin de noël, en sexy renne, en sexy Harry Hannukah ou en sexy plumfairy. Et d’être ivre à 10h du matin quand ils se retrouvent tous autour du Hudson Park River. Une prouesse quand on y réfléchit bien puisque 10h c’est tard pour être une fin de soirée si tu as bu toute la nuit, donc que ces mecs se sont réveillés pour boire, précisément. Du coup l’expérience est assez traumatisante puisque tu te retrouves seul civil au milieu de cette gigantesque foule de filles dénudées et de pères noël plus ou moins stables, qui arrivent sans discontinuer avec leur chicken soup can à la main en essayant de danser, de chanter ou juste d’irradier de bouffonnerie. Autre prodige, cette ribambelle de clowns éméchés adorent passer devant la camera en faisant des grimaces: ET NE S’EN LASSENT JAMAIS. Amazing.

CRouveyrolles

Après l’envoi très laborieux de ce sujet à l’AFP, il fallait courir à l’exact opposé: un artiste très conceptuel exposant 4 photos tout aussi abstraites que ses références à Michaux et Barthes. Mon cerveau moulinait complètement dans cette galerie de la taille d’un dé à coudre.

« ah-vraiment-on-ne-s’ennuie-jamais-dans-ce-métier! »

SantaCon

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On m’a filé un ELLE, comme ça sous le manteau. J’étais ravie. Quand je vois un ELLE oublié dans une salle de bain, abandonné sur une table basse, voire pire, prêt a être jeté dans une poubelle de tri papier… J’ai l’impression de voir un lingot d’or négligemment posé sur un banc de métro.

Je ne parle pas du ELLE américain, très intéressant par ailleurs, mais rien à voir. Je parle bien de notre ELLE hexagonal.

Donc on m’a filé ce ELLE et je l’ai lu intégralement d’un coup. (non en fait je me suis laissée trois articles pour les coups durs).

Alors je vous entends déjà jouer les rabats joie… Et c’est vrai qu’ELLE s’est embourgeoisée. Ou peut-être était elle déjà très bourgeoise à l’origine mais je ne me rendais pas compte… Leur obsession avec le beau bio est relativement condamnable. Ils cèdent à la tendance avec des interviews de Rokhaya Diallo. Ils deviennent même un brin réac (no offence Carla Bruni).

Mais je vais vous dire pourquoi. Simplement parce que les journalistes particulièrement brillants qui peuplent sa rédaction sont atteints d’à quoi bonisme. Oui. « Ah quoi bon me surpasser puisque Chloé ne nous lit plus? » se lamentent ils chaque matin. On me l’a dit.

Ils sentent que leur lectorat fidèle se fait draguer par Grazia, surtout depuis que la très talentueuse Raphaëlle Elkrief écrit pour eux. Et ils filent un mauvais coton…

Mais laissez-moi vous dire que quand je règnerai à nouveau sur Paris, tout rentrera dans l’ordre.

Elle

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Vox populi

Hier au lieu de participer à ce concours génial, j’oeuvrais pour l’amitié franco-grecque. On nous a demandé un autre micro-trottoir en bas de chez la belle Katie Holmes. Exercice tout à fait excitant. On était pressée parce qu’on était partie en retard comme d’habitude.

Comme c’est la énième fois qu’on fait ce sujet, je connais le quartier par cœur. Je sais qu’il y a un magasin de tissus tenu par des juifs polonais juste en face de chez Katie. La fille de la famille a un œil de verre. La dernière fois, ils m’ont donné d’excellents sonores. Je tente donc ma chance. Ni la fille, ni la mère ne sont là. Le fils ne veut pas parler mais il nous renvoie sur son homme de main, un jeune garçon ingrat, qui aurait vu l’actrice. Une plus-value non négligeable pour notre micro-trottoir.

Là, je ne sais pas ce qui s’est passé… Deux femmes? La télé française? Loïs Lane? La camera? En tous cas tous les voyants rouges égaient allumés, notre sujet a complètement perdu les pédales, nous imposant cette figure de style de la routine microtrottoirienne qui peut me déprimer pendant plusieurs jours.

 

– Bonjour, je ne suis journaliste pour la télé française, vous avez une minute? C’est à propos de Katie Holmes qui habite en face.

– …

– …?

– Heuu c’est pour faire quoi?

– Je suis journaliste pour la télévision française, je travaille pour une émission de divertissement. Je voudrais vous poser quelques questions sur Katie Holmes. C’est juste un micro-trottoir, vraiment une minute, sur le quartier, elle, son emménagement…

– Ah bon ok…

– Je vais vous mettre un micro si vous voulez bien. Ma collègue arrive avec la camera.

– Ah c’est pour la télé?

– Oui monsieur, c’est pour la télé française.

– Et vous êtes française?

– Oui

– Vous visitez New York?

– Non je travaille ici.

– Pour une télévision française?

– Oui. Alors vous avez une minute?

– …

– (copain du debilos) : Ah ouais il l’a vue!! Il va vous raconter!!

– Ah bon? Ah c’est super, vraiment merci beaucoup de nous répondre, c’est très gentil.

– Ah… j’ai pas dit oui.

– Ah. Qu’est ce que je peux vous dire?

– Faut que je vois la camera.

– Ma collègue est dehors avec. Elle va arriver dans une minute.

– Mais je vais devenir une star!

– Ah vous savez ça n’est qu’un micro trottoir…

– Et ça passera où?

– Sur une chaine de télévision française.

– Sur quelle chaîne?

– TF1, c’est la première chaîne privée.

– Je connais pas.

– Ah oui. C’est peut-être parce que c’est une chaîne française ?

– Je pourrais regarder sur ma télé?

– Je ne crois pas mais vous pouvez regarder en ligne, je vais vous écrire le nom de l’émission

– Mais ça passera pas dans ma télé? C’est quelle fréquence?

– Non en fait comme je vous disais je ne pense pas que vous puissiez recevoir TF1, elle n’est émise qu’en Europe.

– Mais je dois parler en français? Je ne parle pas français!!

– Ah non non, vous pouvez répondre en anglais!

– Oh la la, vulez vu cuch avek mwa, buuun appety, buongiornooo

– Pas mal ! Ne vous inquiétez pas vous parlerez en anglais.

– Mais comment ils vont comprendre?

– On vous doublera.

– Et vous allez me donner combien?

– Rien en fait. On ne paie pas pour les interviews en fait, a fortiori quand elles sont aussi courtes. C’est vraiment une minute vous savez…

– Ah vous n’allez pas me donner d’argent ?

– Non.

– Vous êtes sure ?

– Ah oui, je suis tout à fait certaine.

– Vous allez changer ce que je vais dire?

– Non. Vous l’avez vue quand Karie Holmes?

– Et je dois signer des papiers pour mon image?

– On pourrait mais là c’est vraiment juste une phrase vous savez.

– Ah.

– Oui, je vais vous poser trois questions, et voila ce sera tout.

– Ah, vous allez me poser des questions?

– Oui.

– En français? Parce que ne comprends pas hein

– Non non en anglais.

– Quelles questions vous allez me posez? Je peux savoir avant? En fait vous pouvez revenir demain? Je ne suis pas bien habillé.

– On ne cadre que les visages, ne vous inquiétez pas. En plus vous êtes très bien comme ça! Et les questions ce sera sur Katie Holmes… Est ce que vous l’avez vue? Comment avait-elle l’air? Qu’est ce que ça vous fait de savoir qu’elle habite en face? Vous pensez qu’elle peut se remettre avec Cruise?

– Ah mais je ne la connais pas!

– Oui j’ai bien compris. Il faudrait juste que vous me disiez comment elle avait l’air. Ça vous va?

– Et vous ne pouvez pas revenir demain?

– Non désolée… D’ailleurs en fait nous sommes assez pressées donc est ce que vous voulez faire cette mini interview?

– Ah il faut que je vois ce que vous allez faire avant.

– Ecoutez, c’est pas grave monsieur, bonne journée!

– Non, non je veux le faire mais je sais pas…

– Je dois y aller.

– Vous me donnerez pas du tout d’argent?

– Ah non, désolée. Au revoir

– Et vous pouvez pas revenir demain? Faut que je réfléchisse.

– Non, désolée monsieur je dois vraiment partir maintenant.

– Mais vous avez une carte?

– Non désolée

– Ah vous n’avez pas de carte?

– Non, bonnes fêtes!

– Vous pouvez m’écrire le nom de l’émission?

– Non, excusez moi je suis en retard.

 

On ne sait pas trop ce qui se passe… Je suis la première à dire qu’il faut expliquer ce qu’on fait, comment on travaille… Je sais aussi que c’est très difficile de passer à la télé comme ça, sans prévenir. Mais dans ce cas là pourquoi ne pas juste dire non?

Là, j’ai l’impression qu’on crache sur mon temps. Je ne comprends pas ce besoin de faire le malin… Mais je veux bien reconnaitre que je réagis un peux trop violemment. Seulement comme d’habitude, je me demande si les gens feraient ça avec leur plombier..?

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Comme on peut

Halleluiah! Dieu existe très clairement puisqu’il vient de nous envoyer un scud. Mon type préféré: un appel de la redac de 50 Minutes Inside! Voila qui va réveiller tout le monde! YOUHOU !

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Tiaras

Toute la journée j’ai regarde ce show totalement génial, Toddlers & tiaras. Comment dire… C’est toute l’Amérique qui remue dans ces épisodes de 40 minutes, complètement addictifs.

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Donc l’idée c’est de suivre des tandems fille-mère dans leur compétition pageants. Un pageant c’est une sorte de concours de beauté et de talent, et c’est un sport national. Des bébés jusqu’aux teens, des créatures entre le travesti brésilien et la mini Barbie défilent en maillot de bain, en robe de soirée (?), ou en costume imposé (et là on a autant de 60s, icônes américaines, contes de fée…). Le jury est composé de notables locaux qui sont soit à moitié pédophiles, soit très sérieux – et tous ont toujours un avis sur la vraie question des pageants, vaut-il mieux le glitz (strass et paillettes à 300%) ou le natural (strass et paillettes à 150%)?

Et enfin derrière le banc des jurés il y a maman (ou papa) qui après avoir blanchi les dents de sa fille, lui avoir peroxydé les cheveux, et avoir engagé un coach pour que poupette répète la choré, est en train de faire trois ulcères et/ou de mimer ladite choré pour que poupette, 3 ans, arrive à suivre le rythme.

A la fin les demoiselles s’alignent avec un sourire horrifiant, et attendent qu’on nomme la gagnante du Grand Supreme. L’heureuse élue reçoit une couronne dorée généralement bien trop large pour son crâne, un trophée à la Jeanne et Serge, et parfois des jouets ou un éventail de billets.

Tous les parents ne sont pas pareils -sinon ce serait pas marrant. Il y a ceux qui veulent une diva super sassy et qui ne voient pas où est le problème quand ils habillent leur fille en pute. Et il y a ceux, plus tradis, qui jouent à fond la carte majorette et performance (mes préférés). La finalité ça peut être de rembourser la maison, financer les études (ou la psychanalyse?) de poupette, ou juste être la plus belllllle.

Karmen Walker, 6 ans, Charleston, West Virginia - Rebeccas Drobis (c)

Karmen Walker, 6 ans, Charleston, West Virginia – Rebeccas Drobis (c)

Tous ont en tête une idée formidable: gagner le concours = self esteem = la win attitude = une bonne personne. Cette confiance en soi est vraiment comme un graal, peu importe les moyens de l’obtenir, c’est bien l’essentiel.

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Je repense à ma semaine, pleine de routine de bureau et d’actualité un peu bof. Ça me rend un brin morose. Une mauvaise semaine mène à un weekend tout pourri? C’est mon statement en carton de ce dimanche! Bonsoir chez vous!

 

Beurk

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Je n’arrive pas à choisir si je veux faire des bullet points en détaillant ma précieuse expérience ou si je dois juste lister mes nombreux emplois dans mon CV.

Du coup, je ne fais rien.

On ne peut même pas dire que je pèse le pour et le contre de chacune de ses possibilités vraiment. Non, j’attends plutôt une révélation. Je procrastine non pas au lieu de mettre à jour mon CV; mais carrément au lieu de choisir entre lister des compétences ou juste des stages. J’ai un peu honte, mais en fait pas assez pour agir.

 

Donc dans a peine plus d’un mois je rentre à Paris et je serai moitié dealeuse de crack, moitié baby-sitter. Super. Bravo. Bravo le jeune professionnel déterminé. Très réussi, beau bilan maturité.

Elle dit qu'elle en a marre - 1992 - Chloé Rouveyrolles

SUPER

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Enfant, je réussissais le pari d’être très joyeuse et en même temps complètement molle. En fait, je crois que j’étais un peu débile. Jamais angoissée, très peu de cauchemars, pas de caprices ou de colère. Je ris à gorge déployée sur toutes les photos de moi jusqu’à 7 ou 8 ans. Une hilarité constante typique de l’imbécile heureux.

… Mais… où veut-elle en venir?

S’il y a une chose qui m’a énormément marquée lors de mon tout premier stage en journalisme, c’est le stress.

Comme je n’ai pas fait ce stage à 9 ans, un certain nombre de données concernant mon caractère avaient changé entre temps, mais tout de même, je me souviens de ce flux constant d’informations ou de requêtes, et par dessus tout, du stress de ne pas y arriver, de ne pas réussir à tout trouver en un temps donné. Il y avait quelque chose de capital et de décisif dans tout ce que je voyais (#LaStagiaireDébile). C’est un excellent souvenir: je trouve ça complètement électrisant.

Si j’avais été tendue naturellement j’aurais surement moins aimé. (cette phrase justifie ma longue introduction sur ma prime jeunesse)

Donc j’ai continué sur cette voix parce que j’adore l’adrénaline que la deadline procure. C’est pour ça que je préfère travailler sur de l’actu chaude. C’est plus simple, plus basique et souvent moins intéressant mais au moins c’est excitant. Ca changera surement, mais en tous cas pour l’instant c’est ce que je veux faire.

Après Sandy et les élections, nous n’avons pas fait grand chose de « chaud » justement. Et là… horreur: s’installe une routine.

En fait, je crois que je n’avais jamais vécu ce sentiment de routine, de ronron de vie de bureau. J’avais été dans ces situations mais, une ou deux fois par semaine au minimum, un coup de pression venait me réveiller. Et la semaine devenait exceptionnelle. Je ne voyais plus le quotidien. Du lit dont je sors après un concerto de sonneries de 10 minutes au moins, jusqu’au métro dans lequel j’arrive systématiquement en retard, puis au bureau où je trie mes mails d’attachées de presse nous suppliant de venir couvrir leurs événements stupides, du grincheux qui me demande pour la 46e fois quand il recevra son DVD du sujet de 1 minute dans lequel on lui pose une question (alors que ça fait trois mois que je l’ai redirigé vers la personne qui s’en occupe), de mes divers supérieurs qui me demandent de travailler sur X ou Y sujet qui une fois calé sera pris en charge par quelqu’un d’autre*. Puis je regarde l’Internet qui me renvoie des sujets que j’ai proposés il y a deux semaines sans que personne n’écoute. Avant ça m’horripilait, maintenant je m’en accommode avec une indifférence blasée. Enfin arrive l’heure du déjeuner. Les gens sont sympathiques mais infantilisants. Je ne m’en demande pas la cause puisque mon cerveau a assimilé l’idée selon laquelle le déjeuner est une pause. Les sujets de conversation sont consensuels. Je suis pro-active dans ce néant, je réponds à des questions idiotes et lance moi même des sujets de non-débat totalement sans intérêt.

L’après-midi: divers retours de personnes variées: ceux qui ne comprennent pas pourquoi quand une chaîne n’achète pas le sujet on ne le fait pas, ceux qui donnent des informations intéressantes (rare), et les rédacs chefs qui évidemment ne sont pas contents. Il y a toujours un moment où quelqu’un du bureau te dit qu’il en a marre et/ou qu’il est fatigué. Généralement avec une tête -pas méchante- d’Atlas (« je porte le monde sur mes frêles épaules, je suis l’unique personne qui travaille ici, je ne sais pas pourquoi je te dis que je suis fatigué, toi, pauvre moule pour qui la vie n’est que lait et miel, tu ne peux pas comprendre« ). Parfois cette personne, c’est toi.

Il y a les moments merveilleux où vous apprenez quelque chose. Mais attention, rappelez-vous: il faut s’économiser en auto-conviction enthousiasme, ce que vous apprenez n’est pas toujours utile.

Certains partiront en coup de vent. Il y a ceux qui décident dès 17h de rester au bureau toute la nuit, donc ils prennent leur temps. Et enfin le journaliste tranquille qui attend d’avoir bien tout fini pour éteindre son ordinateur et se mettre en route pour l’anti routine, un monde où tout est encore possible: la vie en dehors du bureau!

//Bon, j’exagère complètement parce que je suis aussi très souvent en tournage en fait.//

Rien n’est dramatique, sauf l’ordinaire et la répétition de ces situations. Une sorte de jour de la marmotte perpétuelle.

Le monde est mal fait. Quand il y a trop de pression, on se plaint. Quand il n’y en a pas assez: on se plaint. Mais à choisir, autant se plaindre énervé, que se plaindre las, avec une tête de poisson mort.

Aussi, et les Américains l’ont bien compris, la pression peut être une cause de productivité prodigieuse. (alloclichébonjour!)

Aux manageurs qui se laisseraient aller, ils sont peu , mais tout de même: restez attentifs! La routine alourdit les cœurs des jeunes gens (c’est à dire moi). La routine, c’est l’enfer. Les autres c’est l’enfer aussi, mais on est impuissant.

Je réalise en lisant ce post plein de désenchantement que fort heureusement, il n’y a pas que le journalisme dans la vie. C’est important de s’en rappeler, on a vite fait d’oublier.

 

Le jugement de Salomon-VALENTIN de Boulogne 1625

Le jugement de Salomon, par Valentin de Boulogne, vers 1625

 

* c’est un peu comme le jugement du roi Salomon ça: le sujet c’est le bébé, mon chef c’est le roi. Deux journalistes se battaient en réclamant la paternité du sujet. Le chef, qui était malin et sage, dit: « Coupez en deux le sujet, et donnez–en une moitié à l’un et une moitié à l’autre. ».

Notre reporter, véritable mère du sujet, supplia alors le chef ne pas faire de mal au sujet. Il était sien, elle ne voulait que son bien. Aussi préféra t elle l’abandonner à l’autre journaliste plutôt que de mettre son existence en péril.

Dans la vraie vie, il n’y a pas de débat: vous avez préparé un sujet génial sur lequel vous avez sué dans et os, estimez-vous honoré que le journaliste le plus compétent le traite. Ce sont les règles du jeu.

 

Routine

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Temple

Cet après-midi je me suis rendue chez B&H. En plein Midtown West, à deux pas du mythique grand magasin Macy’s, il y a une caverne d’Ali Baba que trop peu de touristes viennent visiter. Pourtant, c’est bien un haut lieu culturel de cette ville.

A chaque visite, vous êtes au spectacle. Je vous préviens d’ailleurs, ce post manquera cruellement de photos, mais on peut espérer que la magie n’en sera que plus forte lors de votre première visite.

C’est d’abord une histoire de tribus. Dans la plupart des dinners l’étranger en goguette à New York peut faire l’expérience de la merveilleuse société américaine. C’est un caucasien qui vous accueillera, souvent relativement âgé. Ensuite vous serez pris en charge par un serveur (enfin, comme « caissière », c’est souvent une serveuse) caucasien ou afro-américain. En salle s’agitent une nuée de petites mains, les hispaniques. Toujours là pour remplir votre verre avec force glaçons, remplacer illico une fourchette tombée sur vos genoux (quelle ouïe!), vous desservir alors que vous venez à peine de porter la dernière bouchée de votre pancake à votre bouche. En cuisine, on ne sait pas trop ce qui se passe. En tous cas c’est comme dans les grands restaurants: tout roule, chacun a sa tache et est clairement identifiable (et hiérarchisé). Bon c’est à géométrie variable, mais ça reste l’idée.

Même chose chez B&H. A l’entrée une team afro-américaine bien mise est à la consigne. Dans les rayons, il y a les « fixes », des femmes portoricaines qui connaissent la carte du magasin par cœur, tel le garçon de salle du restaurant qui dit parfaitement « glaçon?« , elles sont expertes en prononciation de « lumières et accessoires?« ; et il y a les « mobiles » qui comme les serveurs sont un groupe un peu mixte, afro-américains (33%) et juifs orthodoxes (67%). Les « mobiles » sont les véritables héros du matériel moderne. Ils connaissent tous les lecteurs mp3 du magasin. Ils font en une minute la thèse et l’antithèse d’un adaptateur de batterie de lite panel (je tiens à remercier de tout mon cœur Hersch qui a fait semblant de ne pas voir que je ne comprenais à peu près rien de ce qu’il me disait, c’est très gentil). Ils savent même quelles sont les milles et une façons de graisser ton pied.

Aujourd’hui un type listait à un jeune garçon les avantages et les inconvénients de tel ou tel emplacement de sa GoPro sur son casque de skate pour documenter ses performances. Genius. Multi expertise. Merlin l’enchanteur.

On dirait le boucher de ma mère à Paris, qui, en fermant les yeux et en effleurant une escalope peut donner le nom de la ferme et la couleur des yeux de la génisse.

Mais pour en revenir à B&H, derrière les caisses centrales, le magasin devient schlomoland –no offence mais tout Midwood est là.

Et comme ce magasin rend euphorique, vous êtes toujours contents d’arriver enfin à ces caisses centrales. C’est surement aussi parce que je n’y dépense jamais mon argent mais celui de ma société. Ou encore parce que de très longues heures passées au BHV enfant m’ont fait réaliser la beauté secrète du matériel technique… En tous cas, B&H devrait être une étape incontournable d’une visite à New York. Ne serait-ce que pour vous éblouir devant les mandarines, caresser le plastique mat d’une belle EX1, découvrir qu’on peut acheter du velcro exprès pour mieux ranger ses micro-cravate ou tout simplement profiter de ce bouillon américain mêlant technologie, social et business. Mieux que la statue de la liberté. Grisant comme un one dollar store car tout le monde passe son temps à te dire que tu fais une bonne affaire…

Ce magasin c’est le Tati Or du vidéaste.

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Marie-Antoinette

Ce soir j’ai vu le Belge. Il était discret quand je l’ai rencontré. Il avait 35 ans et jouait les ainés. Mais je dois dire que c’était légitime. Il avait une belle carrière de télé derrière lui. On avait pu voir bon nombre de ses histoires sur le printemps arabe à la télévision. Beau bagage.

Rentré à Bruxelles, son Harlem d’adoption lui manquait, alors il est venu faire un tour.

J’aime bien ce genre de figures rassurantes tant à un niveau humain que journalistique. Il dit qu’il s’ennuie parfois, mais il est serein.

Il y a toujours un coté un peu doctoral à ce genre de conversation, mais pas abêtissant. C’est une sorte de rapport maitre-disciple, mais d’une bonne façon.

De manière assez curieuse, notre échange était comme celui que j’ai eu avec l’Allemand, générationnel. Alors que souvent c’est difficile de trouver quelqu’un qui s’intéresse à vos petites histoires de reporters ou de personne qui grandit. D’ailleurs même vos interlocuteurs de prédilection se lassent.

J’aime bien l’idée que ça se tasse. Le fameux « it gets better » finalement. C’est quelque chose qu’il incarne. Je suis souvent hyper véner, et je me dis que ça ne peut pas durer. Et en effet, ça ne dure pas. Il semblerait qu’on voit les choses avec plus de subtilités. Par exemple sur l’histoire de notre auteure de BD, il m’a dit que je n’avais su provoquer un déclic. Il m’a dit que j’aurais pu faire remarquer à l’interlocutrice qu’elle n’était pas loquace. J’étais mortifiée par ma propre incompétence (n’ayons pas peur des mots), et finalement le Belge a conclu sur c’était le métier qui rentrait. Ce genre de phrases met évidemment du baume au cœur.

J’aime aussi le fait qu’on soit dans la même situation pour une chose: de retour au plat pays (n’ayons pas peur des clichés), tout ses amis le trouvaient arrogant. Le Belge pointait le manque d’ambition de chacun, pas comme une erreur mais comme quelque chose à mettre en question. C’est compliqué d’expliquer à certains à quel point ils ont mieux à s’offrir sans avoir l’air condescendant. Car ce n’est pas le sentiment qui vous anime mes petits amis. Vous, vous voulez juste que tout le monde profite du merveilleux élan américano-dynamique sur lequel vous êtes partis.

Ah oui et aussi une anecdote dans laquelle notre amie reporter a l’air super débile. J’explique très sure de moi au Belge que c’est quand même « fou autant que scandaleux » qu’un mec puisse décider de l’organisation et de l’usage de ton temps à ta place. Et là le Belge m’a juste ri au nez. C’est vrai que le principe de travailler pour quelqu’un réside un peu dans cette idée: livrer du temps et des compétences. C’est le syndrome « Marie-Antoinette-qu’on-leur-donne-de-la-brioche » : la fille qui n’avait juste pas compris de quoi on parlait.

Enfin, on a parlé de hiérarchie. Je ne voudrais pas être chef. Lui, si. Il explique que c’est parce qu’on ne peut pas être à vie sur le terrain. Sinon on se fatigue trop. Et pour donner de bonnes directions aux journalistes. Dans tous les cas je n’en suis pas encore là. Pour moi un chef c’est, dans l’immense majorité des cas quelqu’un qui n’a rien compris et qui réfléchit avec des impératifs que je ne veux pas avoir pour le moment. Le Belge ayant 36 ans, rendez-vous dans 13 ans pour voir si je pense pareil.

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Ces derniers jours il neigeait, je regardais ma main comme si c’était un moignon mort, et ma vie se découpait en tranche de B: bureau, babysitting, et Brooklyn. Pas de boisson, pas de bons-copains, et encore moins de baisers. Il faisait un froid de canard à New York, la ville où il fait pourtant toujours beau. Les gens m’ennuyaient. Je ne supportais plus le calage massif de sujets totalement random et les exigences stupides des rédacs chef.

CRouveyrolles

Les rares personnes avec qui j’interagissais en dehors du bureau me tenait le genre de discours qui m’agacent particulièrement: « aaaaaah-mais-c’est-vraiment-supeeeeeer-d’être-à-New-York-TROOOOOP-DE-CHANCE !!!« .

Que ce soit les newbies jeunes professionnels du journalisme qui étaient jaloux comme des poux de la couverture de Sandy et des élections ou les autres qui ne doivent rien avoir à foutre: ils étaient tous relous. Je déteste ce genre de situations parce qu’il est impossible de faire le bon choix. Comme le dit ma copine Barbie:  « Life is good. I can’t complain, but I still do. »

Tu as vraiment envie de leur dire que le rêve américain, ils n’ont qu’à y aller, et que la chance est un facteur assez relatif. Bref j’avais les boules et je ressemblais à un zombie, en pleine voie de connardisation. On aurait pu me proposer un poste à CNN que j’aurais trouvé moyen de ronchonner que j’avais déjà pas de vie, aucune existence sensuelle et à peine le temps de me brosser les dents.

C’est l’aspect double tranchant de cette very last straw. C’est comme construire sur du sable. En soi l’expérience est suffisamment riche pour être vécue. En même temps, les contreparties ne sont pas négligeables. Et l’avenir est perpétuellement incertain. En bref j’étais de mauvaise humeur et claquée, tout était un bon prétexte pour ruminer.

En plus quand je suis mal tournée je me dis toujours que je ne peux pas imposer ça aux gens, donc j’agis comme quelqu’un sous kétamine, avec beaucoup d’enthousiasme et moult sourires forcés. De la méthode coué ou de la superstition? Dans tous les cas, c’est épuisant.

Et puis, on the bright side, ça passe. Et ça c’est bien. On a un chargé de prod hilarant, super doué en girly talks et qui organise des gouters. J’ai vu Don Juan, le mentor par excellence qui m’écoute patiemment éructer les scandales de mon quotidien. Et ce soir j’ai fini avec un de mes coworkers et le Professeur Tournesol dans un bar à la mode de Williamsburg où tout le monde portait un bonnet et c’était très rigolo.

Il y a des hauts et des bas -breaking news-.

Connardisation

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Quand est à l’école on se dit tout le temps:

« Non mais en vrai ce n’est pas comme ça« .

En pire ou en mieux, les directeurs ont beau faire tout ce qu’ils peuvent pour vous faire « jouer à la rédaction« , vous vous dites toujours que c’est une réalité parallèle. C’est vrai qu’il y a souvent un petit coté « on dirait qu’il y aurait un incendie à couvrir et que moi je serais ton chef de rubrique et Tartempion, on dirait qu’il serait secrétaire de rédaction » -pas de chance pour Tartempion. Mon très très cher ami BH, capitaine corsaire de son état, n’arrivait pas entrer dedans et je comprends. Mais souvent la réalité parallèle est un concept qui arrange bien.

Exemples :

« ah non mais j’avais trop besoin d’updater le papier avec ce qui s’était passé ces 3 dernières heures! Ok j’ai raté la deadline, mais dans une redac ils m’auraient donné plus de temps à cause de l’actu. Ça se repousse un bouclage! »

Ou:

« ah non mais complètement débile de me faire faire un papier sur la nouvelle formule de vélib, c’est un truc que personne ne couvre ce genre de news ».

Aujourd’hui je veux donc parler d’un aspect de la Réalite Vraie Véritable Authentique que j’étais bien loin d’imaginer sur les bancs du Celsa. La réalité économique, pas la galère des pigistes, ça tout le monde connaît, mais la réalité d’une boite de prod. Il y a 3 ans je pensais que les médias faisaient mal leur boulot pour deux raisons. Soit parce qu’ils avaient perdu l’estime que tu dois avoir pour ton audience si tu veux être une Bonne Personne, soit pour des raisons de délais de production.

Et bien -breaking news- ça peut aussi être pour des raisons totalement absurdes!

Ce matin je me lève (beaucoup trop) tôt pour aller interviewer une auteur de BD française en visite dans une école primaire d’Harlem. Acte héroïque s’il en est puisque j’étais face à 40 enfants hurlant à la mort dans une classe surchauffée -c’est toujours là qu’ils décident de leur donner à manger, comme ça ils se transforment en monstres sauvages en plein sugar rush-, une instit pincée (« on a eu les autorisations pour que vous filmiez les enfants si ça ne les dévalorisent pas« , WTF?*) à gérer et la communicante de la structure publique qui finançait tout ça et qui me regardait avec une tête bien sympathique qui disait « tu veux être mon amie? ».

Bref après cette séquence on s’installe hyper cosy pour une interview en bonne et due forme. Là, coup de théâtre, l’auteur de BD qui écrit des histoires tellement lol n’a pas du tout le charisme attendu. Elle n’aime pas l’exercice et elle est en plein jetlag. Elle se tortille sur la chaise. C’est la situation la plus awkward de toute ma vie.

Du coup même si cette auteur est très sympa et très talentueuse pas moyen de la faire accoucher d’un bon sonore. Un coup elle butte sur le nom d’un type et se tait immédiatement, un coup elle cherche le nom d’un autre type et ça prend 5 minutes de cassette, ou tout simplement elle n’est pas claire, pas précise. En même temps l’exercice est compliqué: tu te retrouves à 9h30 sous les feux d’une minette dans un pays étranger, la tête pleine de hurlements d’enfants, et on te pose plein de questions… Je ne vais dire que c’était seulement de sa faute.

Au final c’était passablement mauvais, je ne dois pas être assez rodée à ce genre de personnage et elle n’est juste pas bonne cliente: ça arrive.

Il y a de bonnes séquences et quelques trucs intéressants mais ça sera très très pauvre pour la télévision.

Ça tombe bien il y a un autre auteur de BD qui va dans une autre école demain. C’est super puisqu’on a le droit d’y aller aussi alors que normalement pour filmer dans une école il faut se prostituer.  On pourrait donc y aller et croiser les réponses. « Génial! » s’exclame notre amie reporter.

Mais non. On y va pas parce qu’il faudrait facturer un autre tournage.

Donc va devoir rester au bureau au lieu de sauver cette histoire. Bureau où on a rien d’urgent à faire. Genre vraiment rien à foutre. Aucune obligation, aucun truc super méga nécessaire, rien. On préfère livrer un mauvais produit alors qu’on peut faire mieux. Cette bédéiste va avoir l’air un peu cruche, il n’y aura aucun moyen de valoriser ses propos. En gros ce sujet ne va servir à rien. Et c’est juste pour le principe de ne pas tourner sans être payé. J’imagine que tout ça repose sur l’idée, très saine, qu’il faut valoriser le travail. Ce qui me fait bien rigoler quand je pense à combien je gagne et mon volume horaire de travail dans cette boite.

Il y a de quoi vouloir lancer une insurrection. Je me demande vraiment pourquoi j’en ai parlé à la Kommandantür, j’aurais mieux fait de juste y aller.

 

* c’est pour une émission culturelle, c’est pas pour les Nuls. Et quand bien même, si les enfants sont moches et disent des conneries je n’y peux rien et il n’y a aucune raison de les garder au montage. C’est l’argument le plus incongru que j’ai jamais entendu de la part de personnes non publiques.

Prod

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Aujourd’hui j’ai tourné une interview sur Broadway qui ne laisse pas tomber les New-Yorkais.

L’idée du rédacteur en chef c’était « show must go on : l’esprit américain« .

Bon, pourquoi pas. Mais surtout: pourquoi?

CRouveyrolles

Je me souvenais de ma prof d’anglais au collège, Christiane Duluet, qui avait affiché l’expression sur les murs de la classe le 12 septembre 2001, avec de la patafixe.

FYI, voici l’origine -ironique- de l’expression.

Broadway

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